Un homme de 33 ans, est amené par
les pompiers au service d'urgence de l'hôpital général. Il a provoqué un
accident sans gravité d'après le constat de police, par refus de priorité. Il a
refusé l'alcootest avec virulence. Son comportement a motivé son transfert au
service des urgences. Pendant celui-ci, il profère des menaces et injurie les
pompiers. A son arrivée, il dit que le monde a besoin d'évènements nouveaux et
que s'il n'avait pas causé cet accident, personne ne l'aurait fait à sa place :
"si on ne provoque pas les évènements, il ne se passe rien dans ce
pays". Il parle seul, récite des prières, se montre agressif envers le
personnel tant et si bien qu'on doit l'isoler. Il tambourine à la porte de sa
chambre d'isolement, chante, se moque des infirmiers qui lui apportent son
repas. Il est bientôt prostré dans un coin, refusant de parler. Au médecin qui
l'interroge, et après quelques minutes de silence, il consent cependant à
répondre par oui et par non, puis se laisse emporter, parlant de plus en plus vite.
Son discours est parfois incompréhensible tant ses idées semblent se bousculer,
tant il passe souvent du coq à l'âne. Il se dit menacé par des hommes
politiques influents dont il préfère taire le nom pour ne pas exposer le
médecin à des représailles. Ce complot reste flou, aucune personne n'étant
jamais nommée individuellement ; il semble n'y croire qu'à moitié. Il dit avoir
maille à partir avec les services secrets. Il vante ses grandes capacités
d'intelligence qu'il se dit prêt à "montrer sur le champ en passant tous
les tests qu'on voudra bien lui présenter". Très exalté, il ne se sent pas
malade, il dit : "allez docteur, vous allez pas me laisser moisir ici,
j'ai autre chose à faire moi, je me sens très, vraiment très, très, très bien !
Je n'ai même plus besoin de dormir ! Faites-moi donc sortir ! Quoi vous voulez
que je prenne un traitement ? Vous êtes fou ou quoi?". Il refuse toute
hospitalisation. Sa femme et ses enfants confirment une insomnie totale et une
grande excitation apparues récemment. Trois heures après l'accident, il
présente un bref épisode pendant lequel il ne sait plus où il est, se trompe de
date et d'heure. L'examen neurologique ne montre ni trouble de la marche ni
déficit sensitivo-moteur. Le rachis est souple. La tension artérielle est à
140/80 mm Hg, le pouls est à 76/mn et la température corporelle est à 37°3 C.
Il a 1 g/l d'alcool dans le sang.
Quels sont les principaux symptômes à relever dans
cette observation ?
On retrouve dans les antécédents
de ce malade, une tentative de suicide survenue 5 ans auparavant au cours d'un
épisode où il était devenu triste, avait perdu le goût de vivre, ne travaillait
plus et restait toute la journée alité, ne parlait plus que par monosyllabes.
Il avait été traité en milieu hospitalier pendant plusieurs semaines. Il avait
repris ensuite normalement ses activités. Dans ses antécédents familiaux, on
note le suicide de sa tante maternelle. Quel diagnostic retenez-vous pour cet
épisode antérieur ? Justifiez votre réponse.
Discutez le ou les diagnostic(s) à envisager devant
l’ensemble du tableau clinique.
Le patient refuse toute hospitalisation. Si vous
décidez de l’hospitaliser contre son gré, sur quel(s) critère(s) vous
fondez-vous pour le faire ?
Dans l'éventualité de l'adoption de la mesure prévue
dans la question précédente, quelle procédure doit-elle être mise en oeuvre?
Rédigez le certificat initial correspondant à la
procédure d'hospitalisation retenue.
Proposez un projet thérapeutique.
D’autres mesures d’ordre
médico-administratif et social doivent-elles être envisagées ? Motivez
votre réponse, qu’elle soit positive ou négative ? Quelles
sont-elles ? En cas de réponse positive, comment doivent-elles être
appliquées et quels effets peut-on en attendre ?